Le licenciement
pour motif personnel
(avril 2001)

Union fédérale des ingénieurs, cadres et techniciens de la CGT

Définition

Le licenciement caractérise la faculté qui est offerte à l'employeur de mettre un terme au contrat de travail.
Il s'analyse comme une rupture unilatérale du contrat de travail à durée indéterminée à l'initiative de l'employeur.
Il n'existe pas de définition légale du motif personnel. Nous retiendrons simplement que la cause du licenciement doit être directement imputable à la personne du salarié.

Le Code du travail soumet la validité de ce mode de rupture à deux obligations :

Principaux textes de référence

Articles du
Code du Travail

Domaines concernés

L.122-4 Résiliation
L.122-9 Indemnité de licenciement
L.122-14 Procédure. Convocation à un entretien préalable. Audition du salarié.
L.122-14-1 Procédure. Notification
L.122-14-2 Motif du licenciement
L.122-14-3 Litige
L.122-14-4 Contentieux. Licenciement irrégulier, licenciement abusif (salarié ayant au moins 2 ans d'ancienneté dans une entreprise employant au moins 11 salariés)
L.122-14-5 Contentieux. Licenciement irrégulier, licenciement abusif (salarié ayant moins de 2 ans d'ancienneté et/ou travaillant dans une entreprise employant moins de 11 salariés)
L.122-14-8 Cas particulier. Filiale
L.321-13 Rupture du contrat de travail d'un salarié âgé de cinquante ans et plus. Contribution spéciale.
D.122-1 Entretien préalable. Assistance du salarié.
D.122-2 Assistance gratuite
D.122-3 Règles relatives aux listes de personnes pouvant assister les salariés.
D.122-9 à D.122-23 Règles régissant le remboursement de l'ASSEDIC
D.321-8 Rupture du contrat de travail d'un salarié âgé de cinquante ans et plus. Contribution spéciale. Montant
R.122-2 Calcul de l'indemnité de licenciement
R.122-2-1 Entretien préalable. Mentions obligatoires

Pour le contenu des textes voir l'annexe

Caractéristiques principales

Le législateur pose comme principe que l'employeur et le salarié sont libres de rompre unilatéralement le contrat de travail quand ce dernier est conclu sans limitation de durée. Cependant, les obligations varient suivant l'auteur de la rupture. Il n'existe aucun parallélisme, ni de fond ni de forme, entre les règles régissant le licenciement et celles organisant la démission,

II est impossible d'introduire dans un contrat de travail une clause restreignant la faculté de rupture unilatérale.

Le licenciement obéit à des conditions très strictes. La validité de la rupture est conditionnée à l'existence d'un motif et au respect d'une procédure.

Les faits incriminés doivent être précis, exacts et objectifs et ne peuvent, en aucun cas, être vagues ou basés sur un simple sentiment de l'employeur.

  1. La conciliation.
    Son objet est d'éviter la rupture du contrat, en favorisant le dialogue entre employeur et salarié. Les parties sont invitées à trouver un terrain d'entente ou du moins à s'expliquer sur les événements qui vont éventuellement conduire au licenciement.
  1. La notification.
    L'employeur a arrêté sa position. Il confirme son désir de mettre un terme au contrat. Il en informe par courrier le salarié en prenant soin de mentionner, aussi précisément que possible, le ou les motifs du licenciement.

Le motif personnel non disciplinaire

L'employeur est juge de la qualité de la prestation de travail de ses employés. Il a donc la possibilité de mettre fin au contrat en cas d'inaptitude du salarié au poste ou aux missions qui lui sont confiés.
Dans cette hypothèse, le motif de la rupture est indépendant de la notion de faute. Il découle du pouvoir de subordination de l'employeur qui l'autorise à évaluer globalement la performance de ses employés.

La perte de confiance

II peut arriver que l'employeur n'ait plus confiance en un de ses subordonnés ; la validité de la rupture pour perte de confiance est soumise à la démonstration d'éléments objectifs. Un simple sentiment ne peut être considéré comme une cause réelle et sérieuse de rupture.

La perte de confiance n'est pas en soi un motif légitime de licenciement.
II faut donc s'attacher aux éléments de faits qui ont provoqué la perte de confiance.
Des soupçons, des rumeurs, ne démontrent pas l'existence de faits objectifs autorisant un licenciement pour perte de confiance.
A l'inverse, des actes positifs de dénigrement, de concurrence déloyale, d'indiscrétion, de divulgation de fausses informations peuvent constituer, s'ils mènent en péril la bonne marche de l'entreprise, de justes motifs de licenciement.

Le motif personnel disciplinaire

L'employeur va sanctionner une faute du salarié. Celle-ci peut être disciplinaire (manquement aux règles de discipline générale applicables dans l'entreprise) ou professionnelle (exécution défectueuse de la prestation de travail prévue contractuellement).
Une erreur professionnelle d'un salarié expérimenté peut justifier un licenciement pour faute.
Le Code du travail définit la faute comme des " agissements du salarié considérés comme fautifs par l'employeur". Le principe pénal de la légalité des peines (pas de .sanction sans texte) ne trouve pas application en droit social. Le pouvoir de direction et d'organisation autorise l'employeur à sanctionner des attitudes qu'il estime contraires aux intérêts de l'entreprise. La contrepartie de cette liberté totale d'appréciation réside, le cas échéant, dans le contrôle approfondi du motif par le juge.

Il convient de détailler ces diverses catégories de fautes dans la mesure où elles entraînent des conséquences différentes.

Tableau récapitulatif des principales fautes considérées soit comme légères soit comme sérieuses
Avertissement
: Le contexte et la qualification du salarié pourraient transformer une faute considérée comme légère, en sérieuse et inversement. Ce tableau n'est qu'indicatif, il convient de l'adapter à chaque cas d'espèce.
Nature de la faute Faute légère Faute sérieuse
Absences multiples et répétées   X
Absence sans autorisation   X
Absence programmée sans en informer la direction   X
Retards peu fréquents X  
Retards fréquents   X
Manquements aux règles de sécurité   X
Manquements aux règles d'hygiène   X
Refus d'exécuter un ordre d'un supérieur hiérarchique   X
Refus d'effectuer une heure supplémentaire pour un travail très urgent   X
Départ en congé non autorisé   X
Refus d'effectuer une tâche habituelle (insubordination)   X
Erreur minime, légère X  
Renouvellement d'erreur légère   X

La faute grave

Tableau récapitulatif des principales fautes considérées comme graves
Avertissement : Le contexte et la qualification du salarié pourraient transformer une faute considérée comme grave en sérieuse et inversement.

Ce tableau n'est qu'indicatif, il convient de l'adapter à chaque cas d'espèce.

Nature de la faute Commentaires
Abandon de poste Attention : si l'abandon de poste est provoqué par l'attitude de l'employeur (insultes, menaces, ) le motif n'est plus valable.
Violences envers des collègues de travail Des menaces constituent aussi une faute grave
Insubordination A un degré moindre, le refus persistant d'accomplir une tâche entrant dans ses attributions,
Exercice d'une activité pendant un arrêt maladie L'activité doit être incompatible avec l'état de santé du salarié
Falsification d'un arrêt maladie La contrefaçon est considérée aussi comme une faute grave.
Destruction volontaire de matériel appartenant à l'entreprise La destruction involontaire, suivant son importance et le contexte, peut aussi être assimilé à une faute grave
Utilisation à des fins personnelles du matériel de l'entreprise L'utilisation ne doit pas avoir fait l'objet d'un accord, express ou tacite
Concurrence déloyale, dénigrement de l'entreprise Il n'est pas nécessaire que le contrat de travail contienne une clause spécifique pour sanctionner un acte ou un comportement déloyal
Répétition de fautes Prises isolément ces fautes ne sont pas graves. Elles le deviennent par leur multiplication.

La faute lourde

En outre, elle autorise l'employeur a poursuivre son salarié devant les juridictions pénales et peut conduire au versement, par le salarié, de dommages et intérêts à l'employeur.

La procédure

Il appartient à l'employeur de veiller à la bonne application des règles conventionnelles régissant le licenciement.

L'objectif principal poursuivi par la procédure de licenciement est double.

Rappel : Les 2 étapes de la procédure sont obligatoires dans tous les cas.
Aux règles légales de procédure s'ajoutent les formalités conventionnelles dans la mesure où elles améliorent les droits du salarié.

La convocation à l'entretien préalable
L'employeur, ou son représentant, qui envisage de licencier un salarié doit, avant toute décision, convoquer l'intéressé, par lettre recommandée ou par lettre remise en main propre contre décharge, à un entretien préalable.

L'entretien préalable
L'objet de l'entretien est de révéler "le ou les motifs de la décision envisagée" et de "recueillir les explications du salarié".
Il convient de respecter un délai minimal entre la convocation et l'entretien.

Le contrôle et le contentieux

Le Code du travail dispose : "en cas de litige, le juge à qui il appartient d'apprécier la régularité de la procédure suivie et le caractère réel et sérieux des motifs invoqués, forme sa conviction au vu des éléments fournis par les parties et au besoin après toutes mesures d'instruction qu'il estime utiles".
Le juge prud'homal a pour mission d'exercer un contrôle total sur le licenciement. Il vérifiera aussi bien les éléments de forme que de fond.

La contribution "Delalande"

La rupture du contrat de travail d'un salarié âge de cinquante ans et plus, sous réserve qu'elle ouvre droit au versement de l'allocation d'assurance chômage, entraîne l'obligation pour l'employeur de verser aux ASSEDIC une cotisation spécifique : La contribution Delalande.
En matière de licenciement pour motif personnel, la cotisation est due en cas de :
motif non disciplinaire ;
motif disciplinaire mais seulement en cas de faute simple.

Le montant de la cotisation est fixé pour les entreprises de cinquante salariés et plus à :

  1. licenciement pour faute grave ou lourde :
  2. licenciement résultant d'une cessation d'activité de l'employeur (personne physique), pour raison de santé ou de départ en retraite, qui entraîne la fermeture définitive de l'entreprise :
  3. rupture du contrat de travail, par un particulier, d'un employé de maison :
  4. licenciement consécutif à une fin de chantier :
  5. démission trouvant son origine dans un déplacement de la résidence du conjoint, résultant d'un changement d'emploi de ce dernier ou de départ en retraite du conjoint;
  6. rupture du contrat de travail due à la force majeure ;
  7. rupture du contrat de travail d'un salarié qui était, lors de son embauche, âge de plus de cinquante ans et inscrit depuis plus de trois mois comme demandeur d'emploi, laquelle embauche est intervenue après le 9 juin 1992 :
  8. première rupture d'un contrat de travail intervenant au cours d'une même période de douze mois dans une entreprise employant habituellement moins de vingt salariés :
  9. licenciement pour inaptitude lorsque l'employeur justifie, par écrit, de l'impossibilité où il se trouve de donner suite aux propositions de reclassement du médecin du travail ou lorsque l'inaptitude à tout poste dans l'entreprise a été constatée par le médecin du travail.
  10. Départ ou mise à la retraite.

Modèles

RECOMMANDEE AR

N/REF:

Monsieur,

Marseille, le 23 mars 199X

Nous vous informons que nous envisageons de procéder à votre licenciement.

En application de l'article L. 122-14 du Code du travail, vous voudrez bien vous présenter le jeudi 1° avril 199X à 11h00 en nos bureaux, afin d'avoir un entretien avec M. ........ sur cette éventuelle mesure.

Nous vous précisons que vous avez la possibilité de vous faire assister lors de cet entretien par une personne de votre choix appartenant au personnel de l'entreprise ou par un conseiller extérieur figurant sur une liste établie par le préfet. Il vous est possible de vous procurer cette liste auprès des services de la mairie de........ (nom et adresse) ou de l'inspection du travail (adresse).

Veuillez agréer. Monsieur, l'expression de nos sentiments distingués.

Le Directeur

 

 

Modèle de notification de licenciement pour motif disciplinaire (faute grave)

RECOMMANDÉE AR

N/REF:

Monsieur,

Marseille, le 16 juin 199X

Par courrier en date du 8 juin 199X, nous vous avons adressé une convocation en vue d'un entretien.

Au cours de cet entretien, nous vous avons exposé les motifs qui nous amenaient à envisager votre licenciement pour faute grave.

De notre côté, nous avons pris note des observations que vous avez tenu à nous fournir.

Nous vous rappelons que les raisons qui nous conduisent à envisager cette mesure sont les suivantes :

En conséquence, nous sommes au regret de vous informer par la présente, que nous avons décidé de procéder à votre licenciement.

Compte tenu de la gravité de la faute qui vous est reprochée celui-ci prendra effet dès la date de première présentation de cette lettre sans préavis ni indemnité de quelque sorte que ce soit.

Nous faisons toute réserve sur les suites judiciaires qui pourraient être données à cette affaire.

Nous vous prions d'agréer. Monsieur, l'expression de nos sentiments distingués.

Le Directeur du Personnel